Travaux d'entretien dans les tourbières de Locarn

Chantier nature dans des tourbières et des carrières de sable, abattant saules, pins et bouleaux et nettoyant ajoncs et lauriers.

Il a fallu arracher des touradons de molinie afin de créer une mare pour accueillir des batraciens et leur permettre de pondre, rouvrir le milieu pour laisser les espèces endémiques comme les mousses et autres sphaignes se développer et permettre la réintroduction d'animaux comme les libellules et les salamandres et la colonisation de différentes espèces animales (batraciens, insectes et oiseaux comme l'hirondelle des falaises). Les 2 comptes-rendus ci-dessous reflètent des ressentis quelque peu différents ...







La découverte



Nous partîmes à Locarn un beau matin de janvier. Sur place, nous fûmes accueillis par un employé de la Maison du Patrimoine, un homme bien affable. Le premier jour fut consacré à la découverte du milieu local : tout d’abord un bref aperçu de l’activité ardoisière, de la tourbière en tant que milieu naturel et autrefois activité économique, ainsi qu’un topo sur la flore et la faune présentes – la loutre notamment. L’après-midi notre guide nous fit visiter le chantier de l’année précédente, lequel avait consisté en la remise en état d’une parcelle de tourbière envahie par le saule. Les déplacements sur les touradons de molinie nous donnèrent l’occasion de tester notre équilibre sur ce terrain quelque peu précaire. Ensuite, il fallut se rendre sur le théâtre du chantier du lendemain, à travers une lande semée d’ajoncs ; le travail devant s’effectuer dans le talweg situé en contrebas, étouffé progressivement par la molinie. Enfin, la visite d’un « chaos » assez similaire à celui de Huelgoat clôtura cette journée de découverte. Le lendemain, il était temps de mettre la main à la pâte et de salir un peu nos bottes. Le chantier du matin se déroulait dans une petite carrière de sable aujourd’hui inexploitée et qui était destinée à servir de site de nidification pour l’hirondelle des rivages. Le brave volatile ne daignait revenir qu’à la condition de trouver des trous de 60 à 80 cm de profondeur pour s’installer dans les parois.

D’autre part, il fallait dégager des mares colonisées par le saule, ainsi que leurs abords. Une partie de nos effectifs – pourvue de waders - se consacra à patauger, tronçonneuse à la main, en vue d’éradiquer des saules. D’autres s’affairaient à couper les ajoncs et les pins qui proliféraient sur les berges. Enfin quelques uns occupèrent leur fin de mâtinée à forer à la tarière des trous destinés aux hirondelles. Le résultat étant tout à fait satisfaisant, nous nous installâmes à proximité pour casser la croûte, l’âme sereine et le cœur content. L’après-midi pris une autre tournure. Après nous être égarés un moment dans la lande, nous arrivâmes à pied d’œuvre dans la tourbière au fond de la vallée. Une partie du groupe entreprit de creuser une mare pour les batraciens, tandis qu’un peu plus loin leurs camarades s’employaient à arracher la molinie tant bien que mal, à l’aide de houes et de bêches, afin de retarder le comblement naturel de la tourbière ; celle-ci se raréfiant en Europe de l’Ouest. Les touradons ainsi extraits étaient entassés à proximité. Autant le dire, ce travail était relativement ingrat ; extraire les mottes pesantes et dégoulinantes d’eau boueuse et les transporter en trébuchant tous les mètres constitue une activité fort peu idyllique. Nous découvrîmes une salamandre dissimulée dans les racines puis regagnâmes finalement nos camions après avoir dégagé une surface d’une trentaine de mètres carrés, les yeux hagards et le poil terne. Ainsi s’acheva cette enrichissante expérience de travail en milieu naturel.

Blaise

Ode à la nature

J’ai coupé d’l’ajonc
Comme un saligaud
Mon copain l’ajonc
Mon alter-égo

On était de la même race
Pas vaillant, semi-ligneux
Desquels on se débarrasse
Quand on est bûcheron, créfieux !

J’ai creusé une mare
Dans une tourbièr’
On en avait marre
On était pas fier

Il y avait de l’eau à la pelle
Dans les bottes et sur les fronts
Mais pas, ironie cruel’
Au fond d’mon bidon

Locarn,
Tes tourbières et tes mines d’ardoise
Laisseront gravées au fond de moi
Un doux souvenir impérissable

Locarn
Locarn

Cyril